Des dégâts mesurés comparativement à d'autres bassins ostréicoles
La tempête Ciaran et l'ostréiculture en Baie de Morlaix
Dans la nuit du mercredi au jeudi 2 novembre 2023, les vents ont soufflé fort sur la pointe Bretagne. La Baie de Morlaix n'a pas été épargnée avec comme premiers stigmates visibles, de nombreux arbres à terre, des quartiers complets sans électricité... notamment à Carantec, mais aussi à l'ile de Batz, à l'île Callot, Santec, Térénez... Vers 4 heures du matin le vent orienté au sud-ouest a basculé plein ouest, avec des rafales de près de 100 nœuds mesurées près du Port, à Castel-Bihan par ex. (station météo Davis).
Quelques jours après cet événement météorologique majeur, l'association L'Huître de la Baie de Morlaix a souhaité faire un bilan -non exhaustif- de l'impact de la tempête Ciaran sur les 700 hectares de parcs ostréicoles, et l'activité des ostréiculteurs à quelques semaines des fêtes de Noël, moment le plus fort de l'activité économique.
Les faits
En milieu de nuit, au moment des rafales les plus fortes, le vent à l'ouest et la marée de coefficient 71 est à mi-marée montante, clairement au mauvais moment. A pleine mer ou à complète basse mer, les vagues n'auraient pas impacté autant les parcs ostréicoles.
Pas de victime, ni de dégâts majeurs sur les bateaux et chalands, ni sur les infrastructures d'exploitation.
Aucun bateau n'est parti à la côte
souligne Gireg Berder, ostréiculteur et Président de l'association et du Sorm -le syndicat professionnel- en contact avec les autres ostréiculteurs de la Baie de Morlaix.
Certains avaient doublé les amarres de leurs bateaux, et tous les chantiers ostréicoles s'étaient préparés. On était parfaitement au courant de l'arrivée d'un phénomène météo exceptionnel, pas une classique tempête d'automne : tout ce qui pouvait être ramassé, rangé... l'a été.
Les dégâts sur les parcs ostréicoles
Comme toujours dans pareil cas, l'orientation des parcs est essentielle, mais la technique d'élevage aussi. Ainsi les plus gros dégâts à déplorer l'ont été du côté de Barnenez à l'est de la baie. Des poches se sont décrochées, et se sont enfouies dans le sable ou parties à la côte.
Le timing joue un rôle important : au moment de la tempête, les coefficients de marée sont à la baisse, d'autres dépressions se succèdent avec une pression atmosphérique faible -dépression-, la mer est donc peu descendue. Les ostréiculteurs n'ont pas pu vérifier l'ensemble de leurs parcs, ni récupérer les poches d'huîtres décrochées pendant les 10 jours de mortes-eaux qui ont suivi la tempête.
Gireg Berder, ostréiculteur à Carantec et Président de l'association précise :
Lorsque des poches se décrochent des tables pendant la nuit et que l'ostréiculteur va sur le parc le lendemain, il récupère la poche souvent éloignée de quelques mètres au plus, et la remet en place... un peu de travail certes, mais pas de perte. Mais s'il n'est pas possible d'accéder pendant plusieurs jours, alors la poche s'enfouit, les huîtres sont sous le sable, elles ne s'oxygènent plus, et meurent. Une perte sèche sur des huîtres de quelques années prêtes à être commercialisées.
Le cas particulier du naissain
En rade Brest, comme d'autres bassins maritimes protégés et favorables au naissain, les installations de captage des larves d'huître ont soufferts. Avec les vents d'ouest très forts, les coupelles ont été nettoyées par les vagues. Les larves se sont décrochées.
Le captage des naissains était bon à fin octobre, on verra mi-mars ce qu'il en sera exactement. Difficile de tirer un bilan précis à ce jour, et si le captage du naissain est très touché, l'impact de Ciaran se verra dans 3 ans.
L'impact sur l'activité économique
Comparativement à d'autres territoires d'élevage de l'huître, comme le bassin d'Arcachon ou la Normandie qui ont vraiment souffert, ou même en rade de Brest, la Baie de Morlaix a moins souffert. Pour autant à 50 jours des fêtes de fin d'année, on se serait bien passé de Ciaran !!
Rappelons qu'à Pen al Lann on ne pouvait plus accéder aux chantiers. Des dizaines de pins maritimes tombés à terre rendaient impossible l'accès. Il n'y avait plus de courant. Les jours qui ont suivi la tempête, il n'a pas été possible de travailler en fait. Heureusement les services techniques de la ville de Carantec et services publics ont rapidement dégagé les axes, merci pour leur travail efficace.
Ciaran et le marché de l'huître à Noël
Pas d'inquiétude pour les consommateurs et amateurs d'huîtres : il y aura des huîtres à Noël et pour le Nouvel An, et celles de la Baie de Morlaix seront comme toujours d'excellente qualité et délicieuses !!
promet Gireg Berder.
Y aura t-il un impact sur le prix des huîtres ?
C'est très difficile à dire. Actuellement on constate des prix sur le marché de gros de l'huître assez faibles. C'est un peu le jeu des distributeurs d'attendre pour ne pas faire monter les prix qui pour une partie ont été fixés en octobre avant la tempête.
Alors est-ce que l'offre moins importante en provenance des secteurs les plus touchés -Normandie et Charente- aura tendance à faire monter les prix. On peut le penser, mais c'est à ce jour impossible à affirmer.